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mercredi 21 décembre 2011

Chronique du Nouvelliste du 21 décembre 2011

Ite Missa est
Denis Pittet, journaliste *

Ite Missa est. La messe est dite. Avec l’élection complémentaire au Conseil d’Etat de dimanche, le marathon électoral des Vaudois et ses questions a pris fin pour 2011. Pour 2011. Petit rappel : mars, les communales. En octobre, les fédérales lancent le souffle difficile à cerner réellement de ce vent qui tempête contre l’UDC. Et le 14 décembre, on assiste à l’élection la plus conforme et traditionnelle du Conseil fédéral, malgré les millions de tonnes de commentaires, blogs, twitt, émissions et articles qui prédisaient un combat sanglant.
Mais revenons aux questions qui concernaient directement les Vaudois en cette fin d’année et qui conditionnaient la suite des opérations : Pierre-Yves Maillard allait-il accéder au Conseil Fédéral et qui de Pierre-Yves Rapaz ou de Béatrice Métraux allait accéder au Gouvernement, majorité de droite en jeu? En moins de 4 jours, les réponses sont donc tombées. Et avec elles les conséquences – loin d’être anodines – suivantes : Pierre-Yves Maillard sera là pour les cantonales de mars 2012 et la gauche garde sa locomotive électorale. Béatrice Métraux élue dimanche, la majorité du Conseil d’Etat a passé à gauche.
Ite Missa est pour 2011 mais pas de trêve encore. Le 11 mars, les Vaudoises et les Vaudois éliront le nouveau Grand Conseil et le Conseil d’Etat. On n’aura sans doute jamais vu une campagne électorale si courte, entre la rentrée de janvier et les relâches scolaires qui auront lieu du 25 février au 4 mars. Le premier tour se déroulera une semaine après. Cela ramène les partis à faire campagne bien moins que deux mois. Les listes doivent être déposées le 16 janvier…
L’enjeu des cantonales – on le sait désormais – est de se demander si la droite reprendra ou non la majorité au gouvernement en mars prochain. Les 3 sortants (Broulis, De Quattro et Leuba) seront réélus. Les inconnues de poids sont : qui sera le quatrième candidat à droite? Que fera l’UDC? Et à gauche, la syndique de Morges, Nuria Gorrite, se lancera-t-elle?
On n’a sans doute pas fini de mesurer, dans l’histoire politique du canton de Vaud, le peu d’importance que la droite a accordé à l’élection complémentaire du 18 décembre 2011.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 30 novembre 2011

Chronique du Nouvelliste du 30 novembre 2011

Conseil d’Etat : le poids des villes
Denis Pittet, journaliste *

La nouvelle est tombée lundi après-midi à 15h58 : Emmanuel Gétaz annonce alors qu’il se retire de la course à l’élection complémentaire au Conseil d’État vaudois du 18 décembre. Le représentant de «Vaud libre» a pesé exactement 10,09% des suffrages au premier tour. Cette manne «incroyable», Gétaz demande quelques heures plus tard à ses partisans de ne pas en faire bénéficier le candidat UDC, Pierre-Yves Rapaz. Pour rappel, la candidate Verte Béatrice Métraux, opposée au candidat UDC est arrivé à la première place il y a trois jours avec 44,56% des suffrages. Pierre-Yves Rapaz a obtenu 40,33% des voix.
Cette élection complémentaire atypique, caractérisée par tous les spécialistes de la politique vaudoise comme «secondaire» du fait du peu de charisme présenté par les deux candidats en lice, pourrait bien faire bouillir plus fortement que prévu la marmite avant Noël. La prise de conscience que c’est bel et bien la majorité gouvernementale qui est en jeu reprend du poil de la bête et ce n’est pas fini. Même si ceux qui veulent attendre le printemps et les élections générales de mars 2012 (Grand Conseil et Conseil d’Etat) pour «régler tout ça» sont de plus en plus nombreux, préférant ne plus regarder les réalités en face ou étant trop épuisés pour le faire…
Quelles sont les vraies leçons à tirer du premier tour? La première – indiscutable – est que la Verte a pris un ascendant indéniable sur la victoire finale. Cela donne des boutons à la droite placée désormais face à cette évidence. La seconde est que Rapaz n’a pas perdu autant que certains se l’imaginaient. Cela donne des boutons à la gauche, qui se met même à imaginer une victoire sur le fil pour Rapaz. Les états-majors s’agitent, le peuple décide…
La clé du résultat final au soir du 18 décembre ne se trouve plus dans le nombre de bulletins blancs ni dans l’inconnue Gétaz. La clé du résultat final se trouve dans le futur taux de participation. Posé historiquement bas à 31,3% dimanche, ce taux sera forcément plus haut le 18 décembre. Statistiquement, il oscillera entre 35% et 40%. Cette hausse dépendra de la volonté des partis à mobiliser leurs troupes. Cette hausse du taux concernera linéairement tout le canton, donc en particulier les villes. Or une augmentation du taux dans les villes favorisera la gauche ou minimisera la mobilisation tardive de la droite. De là à dire que les jeux sont faits…
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mardi 15 novembre 2011

Chronique du Nouvelliste du 16 novembre 2011

Métropole, armée et élections
Denis Pittet, journaliste *

9 novembre: on apprend que les cantons de Vaud et Genève veulent renforcer leur «couple». Les deux gouvernements signent au Château de Prangins une nouvelle convention portant sur le développement de ce qu’on appelle désormais la Métropole lémanique. Les intérêts sont multiples ; à développer, à défendre. Il s’agit aussi de renforcer l‘influence à Berne. Ca tombe bien : la nouvelle est annoncée presque un mois jour pour jour avant l’élection au Conseil fédéral du 14 décembre, où Pierre-Yves Maillard est candidat, avec quelques chances de succès malgré tout…
11 novembre: journées portes ouvertes à l’école de recrues d’infanterie 3 à Bure. Stratus tenace, humidité et froid vif pour les 1500 personnes qui ont pris la route aux aurores pour venir voir leurs enfants ou petit copain s’adonner aux joies militaires. Parmi eux, beaucoup de Vaudois et de Valaisans. L’accueil est chaleureux, le café militaire toujours aussi… militaire. Les jeunes soldats mènent avec entrain leurs démonstrations. Je suis étonné par le bon esprit qui préside à cette journée. Cadres calmes et observateurs, jeunes officiers et sous-officiers assez complices avec les soldats dont ils ne sont souvent les aînés que de quelques mois. Bref, on oublie le froid, on partage un moment très convivial, on sourit à l’école de section façon «Samba !» et on félicite toute l’équipe du colonel EMG Mathias Tüscher.
13 novembre: le duo représentant le canton de Vaud au Conseil des Etats est élu sans surprise : Géraldine Savary et Luc Recordon triomphent avec panache et laissent Isabelle Moret et Guy Parmelin. Près de14% d’écart séparent la socialiste de l’UDC. Mais les urnes restent chaudes : dans 11 jours, c’est le premier tour à l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. En lice l’UDC Pierre-Yves Rapaz et la Verte Béatrice Métraux. Tous les analystes s’accordent à dire que cela a beaucoup «biffé» ce dimanche au sein même des formations politiques et que cela… biffera beaucoup le 27 novembre. Bien malin qui peut assurer un pronostic pour cette élection dont l’enjeu n’est rien de moins que la perte possible de la majorité par la droite.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 2 novembre 2011

Chronique du Nouvelliste du 2 novembre 2011

Hommage à Aimé Corbaz
Denis Pittet, journaliste *

C’est aujourd’hui en fin d’après-midi qu’aura lieu une cérémonie d’adieu au cimetière de Montoie en la mémoire d’Aimé Corbaz, mort vendredi à l’âge de 56 ans. Qui est Aimé Corbaz? C’était un journaliste attaché durant des lustres à la rubrique culturelle du Matin, non sans avoir commencé sa carrière à l’Illustré comme «Ringier boy» (c’est une expression propre aux journalistes romands qui qualifient ainsi «ceux» qui travaillent ou travaillaient pour Ringier contrairement à «ceux» d’Edipresse…) Aimé Corbaz a quitté le journalisme en 2007. Quitté, façon de parler. Il écrira donc deux bouquins car il faut savoir que le journalisme fait partie de ces professions qui ne vous laissent jamais. Lorsque, comme Aimé, on a appris à rechercher le bon sujet, à choisir quoi publier le lendemain dans sa rubrique, à se décider à interviewer plutôt celui-ci que celle-là, à argumenter dans un édito, on reste marqué consciemment et inconsciemment pour la fin de sa vie.
Aimé Corbaz était homosexuel. Il a aussi été très longtemps alcoolique. Deux qualités que d’aucuns ont sans doute considéré comme rédhibitoires. Moi pas. J’ai travaillé et côtoyé Aimé quotidiennement durant près de 20 ans et je l’aimais beaucoup. C’était un type intelligent, cultivé, parfois cynique, rarement méchant, d’une vivacité d’esprit remarquable et libre dans ses pensées et ses actes. Ce n’est pas pour rien que depuis vendredi, la nouvelle de sa disparition s’est répandue telle une traînée de poudre dans le monde des médias et que de très beaux hommages ont été publiés sur Facebook. Je note au passage qu’il est mort, mais toujours vivant sur Internet, au travers de son site brusquement orphelin. Aimé Corbaz redevenu Pascal Gringet (son vrai nom) après le «Matin» avait entrepris une formation de sophrologue et ouvert son propre cabinet qui s’appelle «Soif de vivre».
Aimé est mort du cancer, peut-être du sida, peut-être de l’alcool, peut-être un peu de tout cela à la fois. Cet écorché vif s’est battu et encore battu. La mort l’a vaincu. Mais peut-on vaincre un type comme lui? Tchô Aimé et sois heureux où tu es désormais.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 19 octobre 2011

Chronique du Nouvellsite du mercredi 19 octobre 2011

Des délais et des soucis
Denis Pittet, journaliste *

Les temps politiques sont chauds. Les élections fédérales «approchent». Elles ont lieu dans quatre jours. Vraiment? Le vote par correspondance a en fait complètement changé la donne. Quelques chiffres pour le canton de Vaud. Depuis l’introduction du vote par correspondance en en juin 2002, on considère grosses mailles que quatre cinquièmes des électeurs ont voté par correspondance et que seul un cinquième se rend encore au bureau de vote. A cela s’ajoute un deuxième changement radical concernant le moment du vote: la moitié des électeurs votent beaucoup plus tôt que par le passé. Aujourd’hui, ce sont 23 % des gens qui remplissent leur bulletin dès réception du matériel de vote (environ 3 semaines avant la votation), et 23 % la 2e semaine avant le scrutin. Seuls 54 % font leur choix la semaine du scrutin. L’autre changement capital apporté par le vote par correspondance est l’augmentation significative du taux de participation. L’appel vibrant lancé par Fulvio Pelli l’autre jour sur les ondes de la RSR était à cet égard significatif. Le président des radicaux suisses enjoignait au ventre mou de ses troupes de simplement voter, persuadé que seule une forte mobilisation pouvait encore contrer la montée de l’UDC. Cela paraît cruellement basique, mais c’est encore mieux quand c’est dit…
Les Vaudois ne sont pas au bout de leur peine. Les résultats des Fédérales seront immédiatement pris dans la moulinette des analyses de tous les partis confondus afin de mesurer les poids respectifs et relatifs – donc les chances - des deux candidats à l’élection partielle au Conseil d’Etat, agendée au dimanche 27 novembre. Compte tenu des délais du vote par correspondance et des chiffres évoqués plus haut, la «campagne» pour la partielle ne durera, après les Fédérales, que deux semaines… Le combat entre l’UDC Pierre-Yves Rapaz et la Verte Béatrice Métraux aura donc l’incroyable double particularité de n’exister qu’à cause du décès tragique de Jean-Claude Mermoud - prenant de court tous les scénarii envisagés par les partis pour mars 2012 normalement – et de se décliner en partie à la lumière des résultats de leurs partis respectifs aux Fédérales.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 5 octobre 2011

Chronique du Nouvelliste du 5 octobre 2011

Rentrée universitaire
Denis Pittet, journaliste *

A Lausanne, l’heure de la rentrée universitaire a sonné depuis quinze jours. Ce sont ainsi 12 400 étudiantes et étudiants qui ont pris le chemin du campus de Dorigny, pour y entamer leur cursus. Le chiffre laisse songeur par son ampleur, sans oublier qu’ici ne sont pas comptabilisés les 8000 étudiant de l’EPFL qui ont également commencé leurs cours le 20 septembre dernier. Ce sont donc plus de 20'000 personnes qui prennent désormais le chemin du bord du lac, pour investir une véritable ville, avec ses bâtiments, bibliothèques, installations sportives, hôtels, logements, mais aussi cantines, restos ou banques. De fait, le site de Dorigny dans son ensemble peut ainsi être considéré comme la 4e ville du canton en taille, après Lausanne, Yverdon et Montreux et juste avant Renens et Morges.
L’UNIL enregistre une progression de 2,5% de ses effectifs. Les sciences politiques auraient le vent en poupe. Pour l’EPFL, l’augmentation est «historique» - sans doute la plus forte depuis 20 ans – avec 10% de plus d’étudiants. Sans qu’il n’y ait d’explication «scientifique», ce sont le génie civil et l’architecture qui enregistrent les nouvelles plus fortes affluences d’étudiants.
Un peu d’histoire : c’est en 1949 déjà qu’un rapport d’ensemble des besoins de l’Université de Lausanne est présenté au Conseil d’Etat et met à jour le problème de l’accroissement du nombre d’étudiants…Il faudra attendre octobre1963 pour que le Conseil d’Etat nomme une Commission chargée d’étudier le problème du développement de l’Université de Lausanne. Dorigny sera rapidement désigné comme le futur site universitaire de Lausanne. Au printemps 1965, la décision politique de transférer l’Université et l’Ecole polytechnique universitaire de Lausanne sur le site de Dorigny est prise, ouvrant la voie à la construction du Collège propédeutique, premier bâtiment à être mis en service en 1970. Des dizaines d’autres suivront. Le dernier, emblématique et médiatisé à souhait étant le Rolex Learning Center.
Depuis plus 40 ans, Dorigny est donc un «chantier» permanent ; celui des bâtiments et celui de la pensée. Et malgré l’incroyable emprise physique sur les lieux, ces derniers conservent une beauté et une magie qui font du site universitaire de Dorigny l’un des plus beaux campus du monde.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 7 septembre 2011

Chronique du Nouvelliste du mercredi 7 septembre

L’incroyable automne 2001
Denis Pittet, journaliste *

Depuis quelques jours et pour quelques jours encore, la Planète entière commémore les dix ans du 11 septembre 2001. Rétrospectives, cahiers spéciaux, émissions TV, débats, photos, vidéos, tout y passe et y passera. Personne n’y échappe, pas même certains rédacteurs en chef que j’ai pourtant – en son temps – entendus jurer que les «rétrospectives» étaient désormais ringardes et inutiles. J’ai personnellement toujours pensé le contraire et sans aller jusqu’à parler de «devoir de mémoire», je reste convaincu que les lecteurs aiment se retrouver ou retrouver des émotions fortes vécues. C’est aussi l’un des rôles des médias de leur apporter cela.
Allons-y donc. Peu se souviennent sans doute que c’est le 10 septembre 2001 que «Le Matin» semaine a passé au demi-format. Pour avoir partagé cette aventure, je peux vous assurer que ce ne fût pas une mince affaire à gérer. Ainsi lorsque le mardi 11 septembre 2001 – soit le deuxième jour de la nouvelle formule – nous vîmes en milieu d’après-midi les avions s’écraser dans les Twin Towers, il se passa quelque chose d’indescriptible dans la rédaction. A la fois tétanisés mais unis, nous sortîmes deux journaux en quelques heures, dont un numéro spécial fait que de photos qui fût vendu le soir même dans les rues de Lausanne.
L’automne 2001 ne restera pas seulement marqué par le 11 septembre. Le 27 se déroulait la tragique tuerie de Zoug. Des images terribles, 15 victimes dont l’agresseur. La Suisse découvrira alors que des autorités politiques ne sont pas à l’abri de telles folies. Dans les mois qui suivront, bien des règles de sécurité changeront dans les bâtiments officiels du Pays. Le 2 octobre, c’était le «grounding» de Swissair. Et le 24 octobre, le terrible incendie entre deux poids lourds dans le tunnel du Gothard (11 morts). Il y a ainsi effectivement des périodes qu’on ne peut pas oublier.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 24 août 2011

Chronique du Nouvelliste du mercredi 24 août 2011

Infernale conjonction…
Denis Pittet, journaliste *

Le canton de Vaud entre dans une période politiquement agitée. La rentrée «officielle» a eu lieu lundi, mais déjà le tachymètre frôle la zone rouge. Pourquoi? Il suffit d’observer et de relever quelques faits: le 23 octobre prochain auront lieu les élections fédérales. Moins de cinq mois après, le 11 mars, auront lieu les élections cantonales. Les relâches vaudoises se dérouleront du 25 février au 4 mars. La pause de Noël ira du 23 décembre au 8 janvier: tout le monde n’aura pas la chance d’être en vacances, mais tout tournera au ralenti. Et le 4 septembre, soit dans onze jours à peine, a lieu une votation cantonale avec trois objets aussi importants que sensibles : l’initiative populaire «Vivre et voter ici», l’initiative parlementaire concernant l’élection des législatifs à la proportionnelle dans les communes de plus de 3000 habitants et surtout l’initiative populaire «Ecole 2010» et le contre-projet du Conseil d’Etat. Impossible de décrire ici les enjeux de chacun de ces scrutins, sinon de dire qu’ils opposent déjà parfois de façon subtile ou plus directe la droite et la gauche. On relèvera encore en passant qu’un autre sujet est déjà très «chaud» dans le canton : fiscalité et impôts. Les libéraux vaudois ont d’ores et déjà annoncé il ya une semaine qu’ils allaient demander une baisse des impôts devant le Grand Conseil et qu’ils pourraient aller au référendum s’ils n’étaient pas suivi. Ambiance.
Le plus important n’est pas là : il est dans la conjonction élections fédérales-cantonales si proches. Les recalés à Berne devront se repositionner rapidement. Les fédérales vont servir de champ de pré-bataille aux cantonales. Et la campagne des cantonales (avec la pause de Noël et les relâches) se déroulera réellement qu’entre le 9 janvier et le 11 mars, avec le trou des relâches. Autant dire que tout les partis sont déjà sur les dents et à l’affût.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois




mercredi 10 août 2011

Chronique du Nouvelliste du 10 août 2011

«Le Café Romand»
Denis Pittet, journaliste *

Je n’ai pas encore eu l’occasion d’évoquer ici un événement lausannois d’importance qui s’est déroulé il y a un peu plus de trois mois: la remise du café «Romand» par sa patronne, Christiane Péclat. L’établissement avait été ouvert par son papa, Louis Péclat, en 1951! Qu’on le veuille ou non et même si le repreneur s’est engagé à «maintenir l’esprit des lieux» (tous les repreneurs disent ça), c’est la fin d’une épopée de plus de 60 ans!
«Le Romand» à Lausanne a fait partie des lieux mythiques de la ville, comme «La Pinte Besson», «Le Central» à l’époque ou encore «La Pomme de Pin» ou même le bar le «PF» (Pré Fleuri, sur l’av. d’Ouchy). Toutes les grandes villes possèdent leurs bistrots mythiques et s’ils sont mythiques, c’est essentiellement parce qu’ils ne changent pas. Il y a des génies qui veulent toujours tout changer et il y a des sages qui misent sur la continuité. Tout le paradoxe de l’époque est bien là: tout va plus vite, mais les gens ont besoin de repères et en matière de repères, le «Romand» méritait la médaille d’or.
La réussite, c’est une équipe qui dure, c’est une patronne omniprésente, c’est l’assurance d’être reçu avec constance, c’est une cuisine régulière et vaudoise. C’est aussi un emplacement à l’angle ouest de la place Saint-François, ce qui est le seul vrai centre de Lausanne depuis toujours. «Le Romand», aussi loin que je me souvienne, n’a jamais changé durant les 40 ans que je l’ai fréquenté, plus ou moins assidûment.
J’adorais pousser la porte du Romand dans les années 80, étudiant, en hiver. Une véritable Madeleine de Proust: du froid, on passait au chaud, une fumée incroyable, mélangée à une odeur suave de fondue ou de papet, et le chant assourdissant de dizaines de conversations toutes plus importantes les unes que les autres. Du Gamay, du Goron, du blanc et puis cette incroyable fresque qui ornait le mur du fond du «Romand», où l’on voit un vigneron contempler le Léman… Cette peinture a donné naissance à plus d’une tirade un brin inspirée et à de sacrés fous rires.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois




mercredi 27 juillet 2011

Chronique du Nouvelliste du 27 juillet 2011

Hommage à René C. Bernhard
Denis Pittet, journaliste *

Le 3 juillet dernier est décédé à 73 ans dans une relative indifférence René C. Bernhard. Ce nom ne dira peut-être pas grand-chose à beaucoup de monde, sauf peut-être aux vignerons. René avait dirigé l’Office des vins vaudois (OVV) de 1979 au 30 juin 1999. Vingt ans d’un règne sans partage, car l’homme avait ses idées et son caractère. Retiré de la scène où il avait brillé depuis 11 ans, son décès est donc passé relativement inaperçu, notamment dans la «presse» comme on dit. Et pourtant. René Bernhard avait inventé et mis sur pied les «mardis de la presse» où, périodiquement, il invitait toutes les rédactions vaudoises (et les autres si elles le souhaitaient) dans «sa» Maison de la Vigne et du Vin (une magnifique demeure au chemin de la Vuachère à Lausanne) pour y traiter les plus variés et multiples aspects du monde du vin, avec la présentation d’exposés de spécialistes, suivis de débats qui furent parfois homériques. Nous n’étions pas encore à l’époque du tout au politiquement correct et chacun exprimait ses convictions, qui n’étaient pas forcément celles de l’autre. A la fin, autour d’une bouteille de Calamin, on se réconciliait avant de partager une agape.
René Bernhard est aussi l’homme sous le règne duquel le fameux concours «Jean-Louis» du Comptoir suisse a connu ses plus grandes heures de gloire. La fréquentation était énorme. Le concours des millésimes rouges et blancs était un must et on y retrouvait tous les amateurs (et professionnels) éclairés du monde vitivinicole vaudois.
Parfaitement bilingue français-suisse allemand, René a également œuvré très largement du côté de Zürich pour y faire connaître et vendre les vins vaudois. Il animait les baptêmes de la vendange et n’hésitait jamais à prendre son bâton de pèlerin pour aller prêcher ses idées et enseigner un marketing que tous les vignerons vaudois «traditionnalistes» de l’époque ne comprenaient pas forcément. Sans être un visionnaire total, René était un homme de son temps et un battant rare. Enfin, et cela s’est peut-être moins su, il avait le cœur sur la main et était fidèle en amitié.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mardi 12 juillet 2011

Chronique du Nouvelliste du 13 juillet 2011: la Swissgolfweek

Les 10 ans de la Swissgolfweek
Denis Pittet, journaliste *

Dans cinq jours, soit dès lundi, 474 golfeuses et golfeurs vont envahir pacifiquement le Valais pour une semaine. Les parcours de Sion, Crans, Sierre et Loèche accueillent en effet la «Swissgolfweek» (SGW), qui fête ses dix ans d’existence. La «Swissgolfweek» est la plus grande compétition amateur de Suisse. Répartis en 4 groupes, les joueurs «tournent» sur les 4 parcours durant 4 jours, le lundi étant la journée d’accueil (à Sion) où tout le monde se retrouve et participe à des concours et des animations.
C’est au sein de l’ASGI (association suisse des golfeurs indépendants) que l’idée un peu folle d’organiser cette compétition a germé. Ils sont trois, un jour d’octobre ou de novembre 2001, à lancer le truc : Pascal Germanier, secrétaire général, Pierre-Alain Bally, trésorier et Yves Hofstetter, alors président, aujourd’hui membre d’honneur de l’ASG. Pascal Germanier : «Nous voulions une compét spéciale, amusante, originale, grande, populaire. Le concept de départ est toujours celui d’aujourd’hui : 4 jours, 4 clubs et 400 joueurs». Ses potes lui disent OK et visent deux ans de préparation. Germanier fait le forcing. La première SGW se tient 7 mois plus tard en août 2002, aux golfs des Bois, Vuissens, Payerne et Gruyère. Un exploit, 290 joueurs, 446 en 2003, 474 depuis deux ans ! Le pari des dix ans était de centraliser la SGW en Valais et de jouer Crans, un mois et demi avant l’Open. Les places, cette année, ont été très chères et il faut savoir encore que les Suisses allemands adorent venir jouer une compétition qui s’est toujours déroulée sur le plateau romand.
Vous savez tout sauf l’essentiel : l’ambiance. A la SGW, on rit, on pleure, on joue, on en peut plus, on boit des verres, on se lève parfois très tôt ou couche trop tard, on apprend l’amitié, l’humilité, on découvre des parcours, on rejoue dans des endroits merveilleux et on est encadré par une équipe juste fantastique. Tout est dit ou presque. En fait, c’est un livre qu’il faudrait écrire sur cette fantastique aventure sportive et humaine.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 6 juillet 2011

Chronique du Nouvelliste du mercredi 6 juillet 2011

Des radars et des flashes
Denis Pittet, journaliste *

Je ne dirai pas par quelle police ni dans quelle commune vaudoise je me suis fait attraper au radar le vendredi 3 juin à 7 h 22, mais je dirai que c’était le vendredi de l’Ascension, que beaucoup de gens faisaient le pont et que ceux qui allaient travailler avaient plus de place pour aller moins lentement que d’habitude, surtout au milieu de nulle part, sans école, sans maison…
Ce préambule posé, lorsque dans une soirée où vous êtes à table avec des gens que vous connaissez peu, il y a, comme ça, un ou deux sujets classiques que vous pouvez proposer pour être sûr de relancer la discussion : l’informatique (Êtes-vous mac ou PC ?) et… les radars. Justement, nous évoquions l’autre jour Lausanne et l’époque bénie où les contrôles étaient rares et les boîtes vertes surveillant les feux tout autant. On a même parié sur l’année de la pose de la première boîte verte et – grâce à l’amabilité du service de presse de la police lausannoise - voici quelques chiffres qui - c’est selon - vous feront peur ou rêver.
C’est en 1976 qu’est posée la première installation de surveillance des feux rouges, au sommet de l’av. Ruchonnet ; la deuxième suit en 1977, la troisième en 1978. Le rythme est donné : en 2011, elles sont 17 et beaucoup plus perfectionnées, puisqu’elles mesurent également la vitesse. Une époque est aussi révolue : durant longtemps, la police lausannoise mettait hors-service ces installations durant les Fêtes de Noël…
Hors des appareils surveillant les feux, il y avait eu en 1980 en tout et pour tout 76 contrôles de vitesse à Lausanne. (Moi, ca me fait philosopher). En 1990, 130 contrôles. Et en 2010, il y en a eu… 2'139 ! Ce qui est très intéressant, c’est que le taux des infractions relevées avec 76 contrôles en 1980 avait été de 4,56%. Et ce même taux d’infractions en 2010 a été de 4,71%.
De quoi nourrir les discussions…

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

vendredi 17 juin 2011

Chronique du Nouvelliste du 16 juin 2001

Portrait des Valaisans via FB
Denis Pittet, journaliste *

Amis de la modernité et des réseaux sociaux, bonjour. Si vous n’êtes pas sur Facebook, Twitter, LinkedIn, My Space, Viadeo, vous êtes «out»! Publiez, partagez, échangez, dites «J’aime» et envoyez des «pokes» ! Bon, ni une, ni deux, j’ai donc lancé cet appel sur Facebook : «Dans le but de rédiger ma chronique, j'aimerais savoir ce que vous pensez des Valaisans. La question s'adresse à tout le monde sauf les Valaisans. Il n'y a aucune restriction pour les réponses, vous pouvez aborder tous les thèmes». J’insiste à ce stade pour préciser qu’une telle démarche a valeur de sondage à prendre au sérieux. Je vous rappelle que tous les médias dignes de ce nom utilisent et promeuvent l’usage des réseaux sociaux.
Passons aux résultats. Je vous livre un condensé que j’espère le plus fidèle possible aux réponses reçues. Voici donc le Valaisan vu par les Vaudois de FB: «Ils sont des petits taurillons fougueux qui vous embarquent ou vous piétinent. Ils sont chaleureux et très hospitaliers, de bons vivants avec des principes bien ancrés. J'aime leurs avis tranchés, leur détermination dans leurs activités, leur indifférence par rapport au qu'en dira-t-on, leur joie de vivre, leur accent, leur côté italien... Du roc, ces Valaisans! Ils sont teigneux et adorables, bougons et plein d'humour, renfermés et accueillants. Bref plein de paradoxes comme toutes les personnes de valeur. Leur seul défaut ? Dire chalé, lé et Valé au lieu de chalET, lAIT et ValAIS. On les adore. Même si ils nous le rendent très mal. Avec les Valaisans, il n'a y a pas tellement de milieu. Tu es accepté, avec tout ce que ça comporte, ou tu es rejeté avec tout ce que ça comporte. Si un Valaisan dit: «Tu mets plus les pieds chez moi», tu n'as plus besoin de te pointer! Un ajoute. «J'aimerais simplement que le Chablais vaudois soit rattaché au Valais. Ca réglerait tous nos problèmes». Enfin, «cette fierté d'être Valaisan a un côté parfois agaçant: c'est le canton le plus beau, où il fait toujours soleil, où il y a le meilleur vin... Et puis surtout, surtout, il y a la Coupe suisse de foot: à tellement se vanter, je rêve chaque fois que Sion trébuche, juste pour ne plus les entendre fanfaronner. Presque comme pour les Bleus, finalement... Les Valaisans seraient-ils "nos" Français?».
Oh!

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

vendredi 3 juin 2011

Chronique du Nouvelliste du 1er juin 2011

Bouchon vaudois
«Un jeune homme abattu»
Denis Pittet, journaliste *

J’ai eu l’occasion dans ces colonnes d’évoquer le Festival de la Cité à Lausanne. L’édition 2011 débute dans 27 jours (28 juin – 3 juillet) et ce sera le 40e anniversaire! Ca ne nous rajeunit pas. Enfin, surtout moi qui, dès 1974, ai fréquenté assidûment la manifestation. Le quotidien «24 Heures» consacre chaque jour un article dédié au 40e anniversaire du Festival, en passant en revue un événement ou un spectacle en remontant le temps chaque année depuis 1972.
Dans le journal du 23 mai dernier, l’année1982 était évoquée. Cette année-là, le soir du 19 juin, un jeune homme de 18 ans se faisait tirer une balle de calibre 38 dans le ventre par un homme de 55 ans, physicien de profession et passionné d’armes à feu, devant le portail de la Cathédrale, au milieu de la foule. Le meurtrier sera condamné à 12 ans de réclusion l’année suivante. Une bousculade, une bande de jeunes, un drame. Je me souviens comme si c’était hier de cette histoire. Elle avait déclenché un immense émoi. Le drame s’était passé au milieu d’une foule immense et à un endroit relativement étroit, où les gens passaient serrés les uns contre les autres. Il y avait eu une bagarre entre punks et «Warriors» et je pense que les choses auraient encore pu être plus graves ce soir-là. Le plus fou avec ces faits divers comme on les appelle dans la presse, c’est que les gens présents ce soir-là quelques centaines de mètres plus haut (dont moi), n’ont strictement rien su du drame avant de lire les journaux.
Si je vous rappelle cette histoire, c’est qu’autre chose m’a terriblement frappé en lisant «24 Heures » le 23 mai : le journal reproduit l’article relatant les faits le lundi 21 juin. Titre factuel : «Un jeune homme abattu» et trois colonnes, des témoignages, du factuel. Ni plus, ni moins. Près de 30 ans après, je me suis demandé et je me demande toujours (même je si pense tenir la réponse) ce qu’auraient fait les journaux aujourd’hui avec pareille histoire…

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

jeudi 19 mai 2011

Nouvelliste du 4 mai 2011

Le Commandant à la retraite !
Denis Pittet, journaliste *

Un homme important vient de quitter son poste important : Gérald Hagenlocher, commandant de la police lausannoise depuis 1994, entré en religion policière en 1978 ! A la tête du plus important service de la Ville près de 17 ans mais en ayant exercé des responsabilités importantes dès son entrée en fonction (lieutenant), Hagenlocher a donné de lui l’image d’un homme dur et parfois craint.
Nos chemins se sont évidemment croisés à plus d’une reprise. Au travers du sport d’abord. A la toute fin des années 70, il était un footballeur connu et reconnu (Malley, Concordia) et moi – plus jeune que lui de sept ans – volleyeur débutant. Au travers de notre appartenance commune au Panathlon Club de Lausanne ensuite, où nous avons réellement appris à nous connaître. Et pour l’anecdote (avant le Panathlon) au travers d’une engueulade monumentale, car ses hommes, cachés derrière des voitures, m’avaient traîtreusement «collé» à un stop, ce qui avait valu à la police lausannoise un très méchant billet d’humeur de ma part dans le «Matin», suivi rapidement d’un entretien houleux dans le bureau du commandant. J’avais dit à mes amis que si je n’étais pas de retour à 20h, ils devaient prévenir… la police. De belles amitiés commencent souvent par de belles engueulades.
Ayant passé 33 ans de sa vie à l’intérieur de ce que certains nomment «la plus grande conciergerie de la ville», Gérald Hagenlocher aura connu des moments «chauds» et vécu le passage de Lausanne de droite à gauche sur le plan politique. Il aura ainsi appliqué sans qu’on ne sache vraiment ce qu’il en pensait, des ordres ou consignes et vécu des changements sociétaux incroyables entre 1978 et 2011. La mise en place – avec son équipe - d’une charte éthique et une réorganisation interne profonde auront été ses deux derniers actes forts. Gérald Hagenlocher peut désormais rester actif dans des «projets encore confidentiels», voyager et jouer au tennis sur ses courts de Montchoisi où il m’a toujours fichu des raclées.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

Chronique du Nouvelliste du 18 mai 2011

Qu’est-ce qu’un syndic vaudois ?
Denis Pittet, journaliste *

Tout est désormais dit ou presque pour les élections communales vaudoises. Dimanche, c’était le premier tour de l’élection des syndics. Peu de communes votaient en vérité - une soixantaine – les autres (comme Lausanne pour citer un exemple) ayant élu le syndic tacitement. Tacitement…. Voilà le premier mot-clé de la réponse à la question posée en titre: les syndics sont souvent des personnalités qui, une fois en place, «tiennent» deux, trois, voir quatre législatures sans que, surtout dans les petits villages, soit remis en question leur bilan. Le syndic est ainsi une sorte de potentat local éclairé, mémoire vivante de l’Histoire du bled, connaissant tout sur tout, ce qui peut-être une qualité à l’heure du numérique éphémère. Mais c’est aussi parfois une tare, car la remise en question perpétuelle qui devrait être une qualité première chez un élu n’est pas toujours là. Cela peut devenir un handicap lorsque le syndic utilise à son avantage ses larges connaissances.
Le syndic vaudois cristallise par ailleurs à l’excès sur lui louanges et critiques. Il est réellement l’emblème et porte l’image de sa commune. Une prise de position exagérée peu se révéler une épée de Damoclès définitive au-dessus de sa tête. Sensible aux mots, le Vaudois est encore plus chatouilleux sur le non-dit. Tout l’art est là: le bon syndic saura faire preuve d’un courage mesuré. Les meilleurs auront de bons amis dans le camp adverse.
Issu d’un parti - même dans les communes où les listes sont dites « d’entente communale» - le syndic vaudois doit assez rapidement faire l’apprentissage de l’exécutif, où le pragmatisme l’emporte sur les luttes partisanes. C’est pour cela qu’on a beaucoup lu dans le presse vaudoise de lundi des hommes qui parlaient de «fédérer», «d’écouter», de «rassembler» ou encore de «dialoguer».
La durée de la législature vaudoise a passé de 4 à 5 ans. Avant, on disait une année pour apprendre, deux ans pour faire et une année pour se représenter. Personne ne sait vraiment comment il faudra – à l’avenir – décortiquer les cinq ans de règne d’un syndic.


* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mardi 26 avril 2011

Chronique du Nouvelliste du 20 avril 2011

Bouchon vaudois

Sur l’air de «Mission impossible» (2)

Denis Pittet, journaliste

Expliquer la politique vaudoise - nous en étions restés là il y a quinze jours - avec ces deux questions : avec quelle subtilité un socialiste vaudois peut être de droite et un radical peut tendre à gauche ?
Attaquons la première question. Dans les années 70, pour ne pas remonter trop loin, le socialisme vaudois se vivait de manière très intellectuelle. Je dirai même qu’il était presque de bon ton de développer des concepts de gauche, notamment dans certains milieux universitaires ou journalistiques. Le socialisme se vivait dans les discussions et un peu moins dans le terrain. Rappelez-vous les premiers débats télévisés où l’on ne voyait plus les protagonistes après vingt minutes d’émission, tant la fumée des gauloises bleues avait envahi le plateau. Sans parler du vin blanc dans les verres. A cette époque donc et jusqu’au tout début des années 80, de nombreuses personnes sont devenues «socialistes» par conviction intellectuelle, par effet de mode et au travers de leur appartenance sociale en réaction avec leur statut. L’autre élément était le lieu d’habitation. On savait les villages bourgeois qui entouraient Lausanne et si certains restaient des fiefs de droite sans faille (Lutry par exemple) d’autres, de par le développement de quartiers plus populaires (Epalinges) abritaient ou donnaient naissance à des mouvements ou des sections du parti socialiste vaudois. C’est ainsi que mes parents avaient un ami très cher qui habitait une splendide maison vaudoise, qui était avocat et colonel à l’armée. Et socialiste. A Epalinges, le socialiste n’était donc pas forcément le «même» qu’à Renens ou Chavannes. Ce socialiste là était donc «de droite», sans que cela fût péjoratif.
La réponse à la seconde question est le miroir de la réponse à la première. A la différence près qu’historiquement parlant et en remontant au XIXe siècle cette fois, on oublie parfois que les radicaux étaient la force de gauche et d’opposition en 1848. Dans le canton de Vaud, on trouve des radicaux de gauche dans les villes et pratiquement pas dans les villages.

mercredi 13 avril 2011

Le Nouvelliste, c'est reparti

La "chronique vaudoise" reparaît tous les 15 jours dans le "Nouvelliste" dès le 6 avril 2011. Sous un nouveau titre (nouvelle formule du NF oblige): "Bouchon vaudois"
Voici le texte:

Sur l’air de «Mission impossible» (1)
Denis Pittet, journaliste, délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

Mes trois fidèles lecteurs seront contents : revoilà la chronique vaudoise. Ce retour est placé sous le signe de «Mission impossible». Le Chef a dit : «Essaye d’expliquer la politique vaudoise aux Valaisans». Déjà que ma double-casquette de journaliste et de responsable de la communication dans un département qui chapeaute (la casquette qui chapeaute..) les communes (et qui plus est en pleines élections communales) ne me facilite guère la tâche, me voilà donc confronté à un exercice d’équilibrisme qui à lui seul devrait me valoir le Prix Jean Dumur. Explique la politique vaudoise qu’il a dit…. Préambule obligatoire: le Vaudois est un être affable, calme, consensuel, rarement colérique, un brin chamailleur, qui trouve toujours que son voisin a quelque chose de mieux que lui, respectueux du Très-Haut tout en sachant moins bien qu’un Valaisan ce que le Très-Haut représente. Aristote ayant décrété sur une plage voici un bon bout de temps que la politique devait conduire in fine au Bien de la Cité, les Vaudois, depuis le départ des Bernois en 1536 et surtout depuis 1803, traduisent cela par «Chacun pour soi et les vaches seront bien gardées». Ca a marché, cela ne marche plus, car nous, Vaudois, sommes de plus en plus nombreux. Dans cette première leçon sur la politique vaudoise, je me bornerai donc à définir les partis en fonction des qualifications évoquées plus haut. Or donc, le Radical est calme et consensuel. Les 3-4 PDC qui restent savent mieux que les autres qui est le Très-Haut. Les Libéraux sont un brin chamailleur de l’intellect. Les UDC sont chamailleurs tout court. Les Verts sont indéfinissables. Et les Socialistes (et POP, etc.) sont ceux qui lorgnent dans le jardin du voisin. Dans une prochaine chronique, nous verrons comment et avec quelle subtilité un socialiste vaudois peut-être de droite et un radical peut tendre à gauche. Nous essayerons aussi de voir comment et pourquoi les politiques vaudois stressent un max de devoir gérer à la suite élections communales, fédérales et cantonales, entre maintenant et mars 2012.