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jeudi 19 mai 2011

Nouvelliste du 4 mai 2011

Le Commandant à la retraite !
Denis Pittet, journaliste *

Un homme important vient de quitter son poste important : Gérald Hagenlocher, commandant de la police lausannoise depuis 1994, entré en religion policière en 1978 ! A la tête du plus important service de la Ville près de 17 ans mais en ayant exercé des responsabilités importantes dès son entrée en fonction (lieutenant), Hagenlocher a donné de lui l’image d’un homme dur et parfois craint.
Nos chemins se sont évidemment croisés à plus d’une reprise. Au travers du sport d’abord. A la toute fin des années 70, il était un footballeur connu et reconnu (Malley, Concordia) et moi – plus jeune que lui de sept ans – volleyeur débutant. Au travers de notre appartenance commune au Panathlon Club de Lausanne ensuite, où nous avons réellement appris à nous connaître. Et pour l’anecdote (avant le Panathlon) au travers d’une engueulade monumentale, car ses hommes, cachés derrière des voitures, m’avaient traîtreusement «collé» à un stop, ce qui avait valu à la police lausannoise un très méchant billet d’humeur de ma part dans le «Matin», suivi rapidement d’un entretien houleux dans le bureau du commandant. J’avais dit à mes amis que si je n’étais pas de retour à 20h, ils devaient prévenir… la police. De belles amitiés commencent souvent par de belles engueulades.
Ayant passé 33 ans de sa vie à l’intérieur de ce que certains nomment «la plus grande conciergerie de la ville», Gérald Hagenlocher aura connu des moments «chauds» et vécu le passage de Lausanne de droite à gauche sur le plan politique. Il aura ainsi appliqué sans qu’on ne sache vraiment ce qu’il en pensait, des ordres ou consignes et vécu des changements sociétaux incroyables entre 1978 et 2011. La mise en place – avec son équipe - d’une charte éthique et une réorganisation interne profonde auront été ses deux derniers actes forts. Gérald Hagenlocher peut désormais rester actif dans des «projets encore confidentiels», voyager et jouer au tennis sur ses courts de Montchoisi où il m’a toujours fichu des raclées.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

Chronique du Nouvelliste du 18 mai 2011

Qu’est-ce qu’un syndic vaudois ?
Denis Pittet, journaliste *

Tout est désormais dit ou presque pour les élections communales vaudoises. Dimanche, c’était le premier tour de l’élection des syndics. Peu de communes votaient en vérité - une soixantaine – les autres (comme Lausanne pour citer un exemple) ayant élu le syndic tacitement. Tacitement…. Voilà le premier mot-clé de la réponse à la question posée en titre: les syndics sont souvent des personnalités qui, une fois en place, «tiennent» deux, trois, voir quatre législatures sans que, surtout dans les petits villages, soit remis en question leur bilan. Le syndic est ainsi une sorte de potentat local éclairé, mémoire vivante de l’Histoire du bled, connaissant tout sur tout, ce qui peut-être une qualité à l’heure du numérique éphémère. Mais c’est aussi parfois une tare, car la remise en question perpétuelle qui devrait être une qualité première chez un élu n’est pas toujours là. Cela peut devenir un handicap lorsque le syndic utilise à son avantage ses larges connaissances.
Le syndic vaudois cristallise par ailleurs à l’excès sur lui louanges et critiques. Il est réellement l’emblème et porte l’image de sa commune. Une prise de position exagérée peu se révéler une épée de Damoclès définitive au-dessus de sa tête. Sensible aux mots, le Vaudois est encore plus chatouilleux sur le non-dit. Tout l’art est là: le bon syndic saura faire preuve d’un courage mesuré. Les meilleurs auront de bons amis dans le camp adverse.
Issu d’un parti - même dans les communes où les listes sont dites « d’entente communale» - le syndic vaudois doit assez rapidement faire l’apprentissage de l’exécutif, où le pragmatisme l’emporte sur les luttes partisanes. C’est pour cela qu’on a beaucoup lu dans le presse vaudoise de lundi des hommes qui parlaient de «fédérer», «d’écouter», de «rassembler» ou encore de «dialoguer».
La durée de la législature vaudoise a passé de 4 à 5 ans. Avant, on disait une année pour apprendre, deux ans pour faire et une année pour se représenter. Personne ne sait vraiment comment il faudra – à l’avenir – décortiquer les cinq ans de règne d’un syndic.


* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois