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mercredi 25 janvier 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 25 janvier 2012

Un tunnel sous le lac
Denis Pittet, journaliste *

Mercredi dernier 18 janvier à Berne, la conseillère fédérale Doris Leuthard présente son plan anti-bouchons pour un réseau autoroutier suisse «asphyxié». En 2010, près de 16’00 (!) heures de bouchons ont été comptabilisées, en augmentation de 35% par rapport aux résultats mesurés en 2009. Pour 2030, l’Office fédéral des routes (OFROU) prédit carrément l’apocalypse.
Dans le canton de Vaud, la région de Morges est un véritable pont noir de la circulation. Sa résolution (donc des moyens financiers pour un contournement dont personne ne sait par où il passera) fait partie du paquet des mesures prévues à Berne. En même temps la Confédération loue l’idée (tellement géniale qu’on se demande pourquoi il a fallu si longtemps pour la trouver…) d’utiliser les bandes d’arrêt d’urgence pour désengorger le trafic aux heures de pointes sur le tronçon Morges-Ecublens. Donc Berne et Winterthour pourraient suivre. Ce ne sont pas ces emplâtres sur des jambes de bitume qui résoudront l’incroyable problème de l’éclatement de la mobilité entre Lausanne et Genève, que ce soit un niveau de la route comme du rail.
Si rien de conséquent n’est entrepris immédiatement, on court droit à la catastrophe. Il existe pourtant une solution fort chère sans aucun doute, mais réalisable plus vite que la durée des interminables palabres des spécialistes de l’OFROU. Cette solution serait de creuser un tunnel sous le lac Léman. Pour mémoire, le tunnel sous la Manche a été réalisé en moins de sept ans sur 50, 5 kilomètres. On pourrait – allez, soyons fous – imaginer un ouvrage mixte rail-route. Une première étape relierait Lausanne à Genève. Puis on raccorderait Villeneuve. Je pense que nos ingénieurs de l’EPFL sauraient faire ce tunnel.
Et sous le lac, il y a de la place et peu de voisins.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 11 janvier 2012

Chronique du Nouvelliste du 11 janvier 2012

Immuable Château St Maire
Denis Pittet, journaliste *

Le profil du quartier de la Cité à Lausanne n’a guère changé depuis des siècles. Normal, si on considère que la Cathédrale marque l’entrée de la colline depuis le 20 octobre 1275 – date de sa bénédiction par le pape Grégoire X, que le flanc ouest est marqué par le bâtiment de l’Ancienne Académie, construite par les Bernois entre 1579 à 1587 et qu’à l’est, on «tombait» des fortifications de la Cité directement dans la vallée du Flon, qui coulait encore à ciel ouvert sur ce qu’est devenu aujourd’hui la rue Centrale.
C’est aujourd’hui le Château St Maire qui nous intéresse. Il marque la fin de la Cité au nord de cette dernière. Depuis 1803, il est le siège officiel du Gouvernement vaudois. C’est pourtant dès 1397 et sous l'initiative de l'évêque Guillaume de Menthonay que le Château est construit. Il a été conçu à la fois comme résidence et comme donjon. Les travaux s'achèvent aux environs de 1431. Devenu le siège des baillis bernois de 1536 à 1798 - comme la plupart des châteaux vaudois - le bâtiment a été entretenu et transformé à de nombreuses reprises.
Le constat, c’est que chaque année dès le printemps, en été évidemment, en automne et un peu moins en hiver, des hordes de touristes font immuablement le même chemin: ils «montent» à la Cité depuis la Palud, visitent la Cathédrale et poursuivent jusqu’au Château, immuablement… fermé au public. Un peu désorientés, sans bar ni terrasse sur l’esplanade qui jouxte la forteresse, ces mêmes touristes repartent par où ils étaient venus.
La nouvelle, c’est que le Conseil d’Etat a proposé de nouveaux travaux de transformation et de rénovation du Château St Maire. Après que la question se soit brièvement posée, il a été constaté et décidé que le Château resterait le siège visible et symbolique du gouvernement vaudois. Les travaux devraient avoir lieu entre 2014 et 2017.
Les touristes continueront d’admirer le bâtiment de l’extérieur. Peut-être auront-ils droit d’ici là à une terrasse et des rafraîchissements. Et les fantômes des Evêques de Lausanne écouteront encore pour longtemps les chuchotements sortis de la vénérable salle du Conseil d’Etat.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois