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mercredi 22 février 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 22 février 2012

Adieu, 39 av. de la Gare !
Denis Pittet, journaliste *

La démolition, ces jours, du 39 de l’avenue de la Gare à Lausanne fait couler un peu d’encre. On peut y voir plusieurs symboles. Dans quelques semaines, la raison sociale «Edipresse» disparaîtra au profit de Tamedia. Pour le moins la fin d’une époque. L’avenue de la Gare est le symbole de la presse lausannoise et vaudoise. La «Tour», sise au numéro 33, inaugurée en 1964, en est l’emblème. Mais il est piquant de relever qu’à l’instant où va disparaître Edipresse disparaît avec elle «LE» dernier bâtiment historique de l’entreprise. C’est le premier symbole.
Le second symbole qui frappe est le peu d’intérêt, relevant par ailleurs du simple devoir de mémoire que chaque entreprise devrait avoir, montré par les journaux d’Edipresse sur la vie du 39 de l’avenue de la Gare. C’est en 1911 que les Imprimeries Réunies s’installent dans un bâtiment neuf à l’av. de la Gare. Tout le pâté de maisons actuel (Rosemont, Rasude) est investi par les ateliers, bureaux et entrepôts, dont le fameux 39, immeuble construit en 1895 par le docteur Oscar Rapin sous la direction de l’architecte veveysan Francis Isoz.
C’est dans ces locaux qu’ont vécu longtemps et côte-à-côte les deux rédactions de la «Feuille d’Avis de Lausanne » et de la «Tribune de Lausanne». Même après la mise en service de la Tour, le 39 continuera toujours et jusqu’à sa fin d’abriter des rédactions, comme celles de Fémina, de Bilan ou du Pôle TV pour ne citer qu’eux. Mais le 39 a caché aussi des… caves (ou devaient dormir quelques bouteilles de Crosex grillé), un vieil ascenseur incroyable, le «garage» et sa pompe à essence, où les grands directeurs d’Edipresse faisaient laver leurs voitures et mettre leurs pneus d’hiver et – peu le savent – dans les combles, un «salon» où à la fin des années 60 ne devaient pas se raconter que des contes pour enfants…
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

mercredi 8 février 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 8 février 2012

La batte de baseball de Grandson
Denis Pittet, journaliste *

Une des scènes de cinéma les plus violentes que j’aie vu se déroule dans «Casino» de Martin Scorsese. «Casino» raconte l’histoire de Las Vegas et des luttes entre mafia et syndicats pour la maîtrise des casinos et du pognon qui va avec…Un des personnages, Spilotro - et son frère - sont battus à coups de batte de baseball et enterrés vivant lors d'une réunion entre mafieux dans un champ de maïs de l’Indiana… Cette scène est atroce. La batte de baseball reste dans l’inconscient collectif comme étant une arme d’une puissance dévastatrice terrible. Elle apparaît plus récemment dans une scène d’ «Inglourious Basterds» où Donny Donowitz, dit «L’ours juif», fracasse le crâne d’un sergent allemand.
Il ya quelques années dans l’ouest lausannois, une bagarre pour une futilité était intervenue entre automobilistes. De mémoire, la police avait trouvé dans le coffre de la voiture d’un des protagonistes une… batte de baseball. Vous me voyez venir?
Mardi 31 janvier à Grandson, le concierge d’un établissement scolaire, clairement provoqué par deux ados de 17 et 19 ans, a frappé ces derniers avec une… batte de baseball. Les deux coups ont valu cinq points de suture au crâne du premier ado et des hématomes au bras du second. Tout le monde a compris suite à ce fait divers hélas aussi idiot qu’emblématique de la situation actuelle que taper avec une batte de baseball ne se fait pas du tout, mais qu’hélas cela se fait quand même.
Prenons quelques titres de première page de 24 Heures de ces derniers jours : «Pour les policiers, il est urgent d’augmenter les effectifs» (1er février) ; « La riposte des commerces vaudois face aux braquages» (31 janvier) ; «Jacques Antenen enjoint les commerçant à se protéger» (28 janvier) ; «Braquage au cœur de Lausanne» (27 janvier).
Psychose, fantasmes ou réalité ? Quand la loi des Hommes devient insuffisante, c’est la loi de la Nature qui reprend le dessus…
Il est urgent de relire Protagoras, Locke ou Hobbes.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois