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mercredi 30 mai 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 30 mai 2012

De jolis coins cachés

Denis Pittet, journaliste *

Lausanne est parfois une ville étrange. Pour ceux qui la connaissent très bien et qui savent un peu que certaines tracasseries administratives existent comme partout d’ailleurs, il se produit parfois de petits miracles dont finalement on se fiche de savoir quelle bonne étoile a permis leur réalisation.

Nous sommes ici sur le terrain des petits coins à découvrir et des terrasses de bistrot. La ville regorge d’endroits aussi charmants que parfois désuets, mais il faut bien connaître et les trouver. Si vous venez à Lausanne et que vous voulez boire un verre dans un endroit atypique, nous vous conseillons donc «Bourg Plage». Promis-juré, je ne connais pas le patron et point de pub déguisée ici. Je n’ai d’ailleurs pas honte de déclarer que personnellement j’ai découvert l’endroit sous sa forme actuelle il y a peu. En fait, je crois que cette arche située sous le Pont Bessières du côté de la Cité a accueilli voici plusieurs années un «débordement» du Festival de la Cité pour une scène musicale. Puis, par je ne sais donc quel miracle, elle abrite désormais pour la sixième année consécutive du printemps à l’automne et par beau temps, une sorte de troquet complètement anachronique et décalé (sauf au niveau des prix).

L’arche est bâchée au nord et ouverte au sud. Le paysage est y très urbain et on y trinque à l’ombre du vénérable gymnase de la Cité, rue de la Mercerie. Les tables sont vieilles et disparates, comme les chaises d’ailleurs. Ce sont ces tables métalliques rouges ou bleues qu’on trouvait sur les terrasses avec des gravillons et des platanes, au bon vieux temps. Il y a deux-trois palmiers pour faire exotique-chic et il y a même un billard et un baby-foot. Tout ce mobilier disparate fini par fonctionner ensemble et donner au lieu une âme certaine.

Inutile de dire que passé 17h et par beau temps, une foule dense, hétéroclite, se voulant parfois branchée s’y presse comme des citrons en fin de vie.

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

















mercredi 16 mai 2012




Emeute à Lausanne

Denis Pittet, journaliste *



Un fait divers s’est déroulé à l’aube dimanche matin à Lausanne. Pour le déroulement brut, résumons le communiqué de la police: «Une grosse bagarre a éclaté dans une foule de près de 200 individus dont au moins un possédait un Taser. La police (36 agents au total) a été accueillie avec des jets de bouteilles en verre. Les forces de l’ordre ont dû faire usage de spray au poivre et ont tiré une fois avec des balles en caoutchouc afin de disperser les fauteurs de trouble qui se sont alors dirigés vers la gare. Dans l’enceinte de cette dernière, les policiers ont dû à nouveau intervenir sur de nouvelles bagarres. La situation s’est calmée après le départ des trains. Personne n’a été blessé tant du côté des forces de l’ordre que du côté des fauteurs de trouble, il n’y a pas eu de dommages et il n’y a pas eu d’interpellation vu l’impossibilité de repérer les responsables des jets de bouteille dans une foule aussi conséquente».

La presse lundi matin nous propose les habituelles déclarations stéréotypées : « La violence contre les policiers est en augmentation ». «Face à 200 personnes, faut-il que l’on mobilise 150 policiers toutes les nuits ?». «Même si cet événement est unique, il demande réflexion». La gradation des versions ensuite : on parle de tessons de bouteilles, d’armes blanches, de taser, et d’au moins une arme à feu ( !). La police a tiré des balles en caoutchouc et utilisé des sprays au poivre. On a relevé des traces de sang…

Les questions enfin: Lausanne est-elle le Bronx? Pourquoi une bagarre dégénère-t-elle en violence contre la police? Pourquoi la police n’arrête personne? Les Taser sont-ils en vente libre à la Migros ? Si un voyou porte un Taser et a vraisemblablement été en boîte avant la bagarre, pourquoi ne fouille-t-on pas les personnes qui entrent en boîte? Enfin, maladresse générale ou Miracle : on parle de couteaux, d’armes à feu, de balles en caoutchouc, de taser, de tessons de bouteilles et personne n’est blessé ?!? Le fameux «Circulez, y’a rien à voir» prend décidemment ici une saveur légèrement nauséeuse. Et passent les trains…

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois















lundi 7 mai 2012

Chronique du Nouvelliste du 2 mai 2012

Lausanne bouge

Denis Pittet, journaliste *



Le mois d’avril est traditionnellement un mois «chargé» en événements pour Lausanne. Un des signes parmi tant d’autres qui révèlent cette agitation passagère mais importante sont les communiqués de presse de la police de Lausanne, qui, avec une impassibilité qui frise la zénitude totale, annoncent sans broncher que les deux tiers de la ville seront paralysés, impraticables aux voitures et parfois aussi aux piétons. Même les transports publics se voient parfois entravés. Seuls les métros échappent aux restrictions, car un coureur des 20 km de Lausanne sera toujours perdant contre une rame lancée à 60 km/h…

En cette année 2012, il y a donc eu d’abord le prologue du Tour de Romandie, le mardi 24 avril dans l’après-midi. Tout s’est bien passé et, bien sûr, il y a eu quelques bouchons sous gare, mais rien de grave.

Il y a eu ensuite samedi 28 les «20 km de Lausanne». Il y a plusieurs choses à dire sur cette manifestation. La première a eu lieu le 6 juin 1982 et en 2012, la 31ème édition s’est donc déroulée. Pourquoi s’appelle-t-elle les «20 km de Lausanne »? Parce que dès 1981, dans les milieux sportifs et olympiques de Lausanne, on songeait déjà à la création du Marathon de Lausanne, mais que dans l’immédiat avait été créé le «semi-marathon», donc les 20 kilomètres. Cette course unique dans son esprit et son tracé réunit des milliers de personnes et bénéficie à la fois d’un capital sympathie énorme, d’une aura et de la compétence de centaines de personnes – bénévoles en majorité - qui concourent à chaque reprise au succès magistral et pratiquement toujours salué par le soleil, comme cette année, de cette journée.

Enfin cette semaine (dès demain et jusqu’à dimanche) c’est le Carnaval de Lausanne qui bloque la ville. C’est la 28e édition! Au début, il s’appelait «Fête du Soleil». Ses créateurs avaient expliqué à l’époque vouloir se démarquer des carnavals hivernaux de février. Tout le monde avait trouvé cela bizarre. Près de 30 ans plus tard, le Carnaval – souvent décrié - est toujours là. Il attire en moyenne 60'000 personnes à Lausanne.

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois