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mercredi 26 septembre 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 26 septembre

Question à deux balles
Denis Pittet, journaliste *
La vie est ainsi faite qu’il vaut parfois la peine de (re)mettre les choses en perspective. Le canton de Neuchâtel vit un petit séisme politique avec, ce dimanche 23 septembre, le refus en votation populaire du projet à 919 millions «TransRUN». Le Haut et le Bas sont séparés, les villes et la campagne ne se comprennent plus et le Conseil d’Etat est malmené au terme d’une législature que d’aucuns ont qualifié sans hésiter de «rocambolesque». Les analystes discernent une image de marque du canton ternie et, plus loin, le risque de voir les mannes fédérales s’éloigner en cas de nouveau(x) projet(s)…

Mettre en perspective disions-nous ? J’ai une question à deux balles à vous poser. En quelle année et à quelle période a été inauguré le M2 à Lausanne ? Pas si facile, hein ? Deux ans, trois ? Le temps passe vite. C’était le jeudi 18 septembre 2008! Soit il y a déjà quatre ans, et presque jour pour jour après le refus neuchâtelois. C’est assez symbolique, tout ça. Après le M1 destiné à relier l’Université et l’EPFL à la Ville (1991), le M2 a créé dans le canton de Vaud une émulation forte. Les Vaudois en acceptent le principe par 62% de «oui» en 2002. Les travaux débutent le 17 juin 2004. Le premier métro automatique sur pneus de Suisse offre six kilomètres de parcours, 3,4 km de tunnels, 2 km de tranchées couvertes, 14 stations et 25 millions de passagers attendus par année. Coût : 736 millions de francs. On rappellera aussi pour l’anecdote «le trou de St Laurent» lorsque la place s’effondre suite à une inondation dans le chantier, le 22 février 2005. Le M2 est une réalisation perfectionniste (sécurité, doubles portes, etc.) et rapidement victime de son succès. Personne aujourd’hui dans le canton de Vaud ne remettrait en cause sa construction. Tout le monde pense même qu’il a toujours existé…

Mise en perspective, fin. A Lausanne se dessine le projet de M3, ancré dans un projet majeur qui vient d’être redimensionné à la baisse : « Métamorphose». Berne dira ses subventions en 2013. Mais dans le canton de Vaud, les «trains» ont le trend et les feux sont au vert…
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois



vendredi 21 septembre 2012

Chronique du Nouvelliste du vendredi 21 septembre 2012

L'actu n'a ni mode, ni âge
Denis Pittet, journaliste *

Je vous conseille vivement de visionner sur le site internet des archives de la RTS l’incroyable reportage diffusé le 16 novembre 1961 - commenté par Guy Ackermann – et consacré au chantier de l’autoroute A1 entre Genève et Lausanne. Parce que c’est juste magique. La première séquence prise d’hélicoptère montre le ruban se dessinant au milieu de champs pratiquement vides! 1961, ce n’est pas si vieux : 51 ans. Mais comme tout a changé en ce demi-siècle…

Le 29 décembre 1964, la TSR d’alors consacre un autre reportage tout aussi magique: comment circuler sur une autoroute ? On y parle «d’intense circulation» et on y voit 3 bagnoles qui ne se courent même pas après…On y voit – véridique – un type sortir tranquillement de l’autoroute en empruntant une… entrée à contre-sens On y parle des inconscient qui roulent à 30 mètres de la voiture les précédant… Le chef de la circulation de l’autoroute d’alors analyse le comportement des usagers et donne ses bons conseils.

Septembre 2012. A très peu de choses près, et le tracé et les gabarits de l’A1 sont encore ceux de 1961. Mais le ruban est légèrement entouré de constructions ( !) et les 3 bagnoles sont devenues 3000. Seules trois pistes ont été aménagées entre Vennes et Villars-Ste Croix et la possibilité de rouler sur la bande d’arrêt d’urgence dans le secteur de Morges a été ajoutée.

Un des gros problèmes des conducteurs vaudois est qu’ils adorent rouler à gauche. Allez savoir pourquoi. Un Vaudois à 110km/h sur la piste de gauche est un bon Vaudois. Dans sa tête en tout cas. Les 400 autres qui s’empilent derrière rient jaunes. Et naissent ainsi les interminables bouchons assortis des accrochages qui font le bonheur journalier des utilisateurs de l’A1 en 2012.

Moi je dis: tout cela mériterait la rediffusion en urgence de l’émission du 29 décembre 1964. L’actu n’a ni mode, ni âge.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois