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mardi 23 octobre 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 24 octobre 2012

L’est et l’ouest lausannois
Denis Pittet, journaliste *

Je ne sais pas si c’est un à-priori, mais tous mes amis lausannois avec qui j’ai discuté du propos qui va suivre le partagent globalement. Le grand Lausanne s’étend en gros de Lutry à l’est jusqu’aux portes de Morges à l’ouest. (N’allez pas dire à un Morgien qu’il est Lausannois… ni à un Singe – surnom des habitants de Lutry qu’il pourrait l’être). Mais il existe une ligne de partage beaucoup plus subtile dans la capitale vaudoise.

Imaginez-vous placés à Ouchy, regardant vers le nord, la ville de Lausanne devant vous. La ligne de partage dont je parle «monte» pratiquement en ligne droite pour se terminer dans les Bois de Sauvablin. Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’ailleurs d’est lausannois et d’ouest lausannois. Ayant oublié de faire la géographie à l’Université, je crois pourtant savoir qu’une constante se retrouve souvent dans les grands centres urbains : les banlieues industrielles sont souvent placées à l’ouest des villes. Je ne sais pas pourquoi.
Mais détaillons les endroits «frontières » de Lausanne en traversant la ville d’est en ouest. Le quartier de la Sallaz est à l’est, le quartier de Bellevaux clairement à l’ouest. Au centre ville, l’ouest commence au bout de la place Chauderon avec tout ce qui est à l’ouest du pont du même nom. Le Palais de Beaulieu appartient déjà à l’ouest. La place de Milan fait aussi office de frontière. La Blécherette est un cas à part, car elle est au nord. Idem pour la région de Vidy qui est au «sud», alors qu’en fait elle est à l’ouest.

Vous avez perdu la boussole ? Pas grave. Posé le principe de cette séparation de la ville en deux, il faut se demander si c’est un pur concept théorique. Ma réponse est non. Ayant grandi dans l’est lausannois, il m’a fallu des années pour dépasser les frontières de l’ouest. A l’inverse, il a fallu des années aussi pour que mes futurs amis de l’ouest fassent le mouvement inverse. C’est une raison mystérieuse qui préside à cette «séparation» de Lausanne en deux moitiés.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois









mercredi 10 octobre 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 10 octobre 2012

Le Chablais et les temps obscurs
Denis Pittet, journaliste *

En des temps obscurs, le Chablais était une région atroce. Il faut le dire. Des marais pestilentiels abritaient des monstres marins tels que grenouilles vertes géantes qui gobaient d’un coup d’un seul les rares enfants qui avaient survécu à leur naissance. Des moustiques de près d’un mètre d’envergure survolaient la zone, répandant la malaria, qui finissait de tuer les rares adultes souffrant d’un goitre. Un fleuve monstrueux nommé Rhodanusia étendait au hasard ses tentacules gigantesques dans cette plaine où le soleil ne brillait jamais et noyait les bâtisses en bois pourri qui abritaient les rares habitants. Parfois, des pans entiers de montagnes s’abattaient dans la plaine, créant des séismes catastrophique. C’était le Chablais.

Plus tard et sans entrer dans la Vérité historique, on dira que pêle-mêle s’y sont affrontés des Romains, des Burgondes, des Francs, des Savoyards, puis des Bernois, des Valaisans et des Vaudois, avec plus ou moins de succès. Il faudra attendre environ 1860 pour que soient entreprises les premières corrections du Rhodanusia et qu’enfin, les termes rives gauche et rive droite prennent une réelle signification, le fleuve ayant cessé de se tortiller. Et par un hasard de circonstance, le Valais occupera la rive gauche jusqu’au Léman, faisant face à son puissant voisin, le canton de Vaud.

Aujourd’hui, le Chablais se porte un peu mieux. Il y fait parfois beau et surtout la H144 dite «Transchablaisienne» (quand même, 4,2 km, ça fait presque comme la Transaharienne) va offrir son bitume aux véhicules dès le 8 novembre. Une sacrée bonne nouvelle, comme on les aime. Il faut tout de même se souvenir que cette route a été prévue dans l'arrêté du Conseil fédéral du …17 mars 1961! L’autre bonne nouvelle qui réjouit nos âmes et montre que l’Homme a surmonté les éléments, c’est que près de 10'000 personnes ont visité le chantier samedi. Un pont de plus sur le Rhône entre Vaud et Valais ? Un miracle auréolé d’un symbole majeur.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois