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mardi 20 novembre 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 21 novembre 2012

Le bonheur des rétrospectives

Denis Pittet, journaliste *

Dans le cadre de ses 250 ans, «24 Heures» publie chaque jour un événement ayant marqué la vie des Vaudois, années après années, depuis la naissance de la Feuille. C’est en fait une immense rétrospective sur 262 ans. Les gens aiment les rétrospectives car elles les replongent dans leurs souvenirs et leur inconscient collectif. Tel événement se produit et chacun se souvient de ce qu’il faisait et où il était le jour dit. Tenez, essayez avec les attentats des Twin Towers à New-York le 11 septembre 2001. Je suis certain que vous vous souvenez comment vous avez découvert l’attentat et ce que vous faisiez ce jour-là.

Lundi, c’est l’année 1985 qui était évoquée et rappelées les incroyables chutes de neige de la nuit du samedi 16 au dimanche 17 février. Je m’en souviens comme si c’était hier. Après un matche de volley joué en Suisse allemande, nous étions revenus sur Lausanne et quelques flocons s’étaient mis à tomber. Il était 20h. En ressortant d’un bar bien famé de la Cité à 2 heures du matin, y’avait des «mètres» de neige! Incroyable. Et ça continuait. Ce qui est génial avec les grosses chutes de neige, c’est que tous les sons changent. Il n’y avait plus de bruits…

Le lendemain, tout le monde se promenait, se disait bonjour, allait voir les voitures ensevelies et on skiait dans tout Lausanne. Près de 72 centimètres tombés sur les hauts, 60 au centre-ville, plus de 90 dans le Chablais! Ces chutes de neige furent un événement séculaire et je suis content de l’avoir vécu.

Je suis prêt à parier que dans quelques jours, en évoquant 1995, ce sera la nuit du 13 au 14 août qui sera rappelée. Souvenez-vous : aux portes du Chablais, à Villeneuve, le Pissot sortait de son lit et emportait tout sur son passage, surtout l’autoroute, qui restera fermée plusieurs jours créant un indescriptible chaos. Des tonnes de boues se déversent dans la zone industrielle de Villeneuve. Par miracle, il n’y a aucune victime. Et là, on parlera d’événement millénaire. Neige de 1985, crue de 1995, deux souvenirs forts et uniques.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois











mercredi 7 novembre 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 7 novembre 2012

Du dopage…
Denis Pittet, journaliste *

L’Union cycliste internationale (UCI) a son siège à Aigle dans le Chablais. Avec l’affaire Lance Armstrong , il est beaucoup question de dopage dans les journaux ces temps. Le sujet est à la mode. En fait, il est indémodable. Il faut lire et relire Pierre Chany, qui avait couvert 49 (!) Tours de France dans sa carrière ou Louis Nucéra pour se replonger dans des descriptions ou ambiances qui laissent songeurs. Vous croyez vraiment, vous, que les cinglés qui s’élançaient entre Bordeaux et Paris dès 1891 pour une course de 600 kilomètres, sur des routes gravillonnées, ne «marchaient» pas à quelque chose… ? Ils avaient tellement mal au cul (excusez-moi, mais c’est aussi bien de cela dont on parle) et les mollets si durs que c’est les gravillons qui se cassaient quand ils venaient frapper les muscles de ces fous roulants. Pour supporter tout cela, ces cyclistes buvaient de… la gnôle.

Le décès tragique de Tom Simpson, le 13 juillet 1967 sur les pentes du Mont Ventoux, restera sans doute le drame depuis lequel on parle finalement continuellement de dopage dans le cyclisme en particulier et dans le sport en général. La 13e étape entre Marseilles et Carpentras est surnommée l' «étape de la soif». On retrouvera plusieurs tubes de Tonédron (amphétamines) dans les poches du maillot du coureur britannique. Un an avant cet épisode dramatique, les coureurs du Tour de France avaient manifesté contre les premiers contrôles anti-dopage. Simpson avait d'ailleurs été un des rares coureurs à avouer la pratique dans le peloton en 1965.

Plus de 45 ans plus tard, qu’est-ce qui a changé ? Rien. La gnôle cède sa place aux thérapies géniques. Le cyclisme reste dans l’œil du cyclone. Roger Federer exige plus de sévérité dans ses propres contrôles! Et les tricheurs auront pratiquement toujours une longueur d’avance sur les gendarmes du sport. Le fric et le spectacle dictent leurs lois.

Si tous les sportifs qui se dopent décident d’arrêter du jour au lendemain, il y en aura toujours un pour en profiter et recommencer. Ce comportement est hélas inscrit dans le Genre Humain.

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois