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mercredi 20 mars 2013

Avant, c’était mieux…
Denis Pittet, journaliste *
Avant, c’était mieux. Plus on vieillit, plus il y a «d’avant» et moins il y a de «devant». Alors, vous comprenez, c’est normal de dire qu’avant c’était mieux. Avant il faisait beau. Avant – la preuve en 1976 et en 2003 – en février et mars on avait déjà eu 34 degrés et 45 jours de soleil. Avant, on savait qui allait former un gouvernement. C’était mieux. Avant, on savait le résultat et avant y’avait même pas besoin de deux tours. C’était mieux.

Avant, foi du témoignage entendu d’un vieux gendarme vaudois, quand il y avait un problème dans un village, on faisait un petit règlement de compte au coin du battoir (qui portait bien son nom), on castagnait quelques minutes et le sang avait le temps de sécher le temps de rentrer dans son village. C’était mieux. Pis le gendarme faisait semblant de ne rien savoir et s’il ne faisait pas semblant, il finissait jeté dans la fontaine. Véridique. C’était mieux et rigolo. Avant. Aujourd’hui, dans une grande ville, on s’allume, on appelle les copains par SMS, sur Twitter, sur Messenger, sur FB, sur WhatsApp, et on fait une grande bagarre en bougeant dans la ville partout, ce qui oblige des dizaines de policiers à devoir arriver et à travailler toute la nuit et de se prendre des coups, des cailloux, des insultes, du spray dans la figure et y’a plus assez de fontaines ou trop de policiers, je ne sais pas. Donc avant c’était mieux.

Avant y’avait pas le Red Bull Crashed Ice et c’était mieux. Parce que nous les Vaudois on aime bien le calme et pas trop les polémiques et sans le Red Bull Crashed Ice on avait pas besoin de se demander combien de litres de flotte étaient gaspillés pour rien ou pour permettre à des cinglés de mieux se casser une jambe que les autres. C’était mieux aussi parce qu’on n’avait pas besoin de se demander si le Red Bull reviendrait ou pas à Lausanne. C’était plus simple.

Y’a juste une exception à ce papier: on se demande une fois de plus si le LHC va monter en ligue A cette année. Et là, on peut vraiment pas dire qu’avant, c’était mieux…

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois





























mercredi 6 mars 2013

Chronique du Nouvelliste du mercredi 6 mars 2013

Les Grisons, comme Valais et Vaud….

Denis Pittet, journaliste *

Le «non» du canton des Grisons (53%) au projet de candidature pour les JO d’hiver de 2022 me perturbe. Sans entrer dans les détails mais finalement sur le fond des ces candidatures, cela se passe comme cela en caricaturant la moindre: une bande d’illuminés amoureux du sport et en général anciens «quelque chose» sur le plan sportif et politique se réunissent dans un caveau, boivent quelques verres et décident d’organiser des JO. C’est très simple dans le fond. Six cents études d’impacts et quatre ans plus tard, le projet finit sans pitié devant le peuple qui doit valider une garantie financière. Et depuis longtemps, la réponse est invariablement la même : «Non»!

Valais et Vaud connaissent bien cette histoire. La sixième et dernière candidature de Lausanne pour organiser les jeux d’hiver de 1994 sera la plus «dramatique»: le 26 juin 1988, les Lausannois refusent lors d’un référendum la responsabilité financière solidaire de la candidature pour les Jeux d’hiver de 1994, «contre» les stations des Alpes vaudoises. C’est exactement ce qui s’est passé dimanche aux Grisons.

Il existe depuis longtemps un grand débat parallèle à ces problèmes de cautionnement financier : qui peut réellement encore se permettre d’organiser des Jeux olympiques d’hiver (on ne parle même pas de ceux d’été)? Une station, c’est fini. Des stations, ce n’est pas suffisant. Une ville ou des villes, cela devient problématique. Reste l’échelle du Pays.

Deux remarques à ce stade: d’abord, à part quelques gesticulations d’Ueli Maurer, on a peu vu la Suisse se bouger pour la candidature grisonne. Il faudrait raisonner différemment sur ce plan-là. Ensuite, on entend peu le CIO sur ses exigences et les questions de gigantisme des JO.

Et si, pour régler le problème, les Jeux d’hiver avaient lieu toujours au même endroit ? Ce ne serait rien d’autre que l’esprit d’Olympie. Si on se souvient toujours de qui a gagné la médaille d’or, on se rappelle moins de l’endroit où elle a été glanée.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois