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lundi 3 juin 2013

Chronique du Nouvelliste du mercredi 29 mai 2013

Lausanne et des chiffres
Denis Pittet, journaliste *
Longtemps connu sous le nom très administratif et un peu barbare de « SCRIS » (service cantonal de recherche et d’informations statistiques), devenu aujourd’hui «Statistique Vaud», ce service décortique depuis plus de 40 ans des millions de données concernant la vie des Vaudois. Il travaille main dans la main avec «Statistique Lausanne», qui s’est « appondu» plus récemment à ce train de chiffres qui recèlent et font découvrir des choses toujours passionnantes lorsqu’on les décrypte un peu… Et vous savez les chiffres : on leur fait dire ce que l’on veut.

A cet égard, la dernière livraison de «Statistique Lausanne», dans une série nommée «Lausanne déchiffrée» est des plus intéressantes. Je suis un enfant de Lausanne. J’y suis né, y ai grandit, étudié et j’y travaille depuis toujours. J’ai toujours pensé que Lausanne était une «grande» ville. Officiellement, Lausanne compte 137'500 habitants. C’est donc une petite ville. Longtemps et jusqu’à la fin des années 80, lorsqu’on évoquait le nombre d’habitants de la capitale vaudoise, on donnait en fait le chiffre des habitants avec ses villes de «banlieue» : Pully, Belmont, Epalinges, Lutry, Chavannes, Renens, Romanel, St Sulpice, Prilly, Crissier, Le Mont et pardon pour celles que je ne mentionne pas. Mais n’allez pas dire à un Pullièran que c’est un banlieusard lausannois. Ni dire à un Morgien qu’il est dans la sphère d’influence de Lausanne….

Pourtant, dans leur inconscient collectif, bien des Lausannois appartenaient, appartiennent et font toujours partie d’une agglomération dont on a longtemps dit quelle oscillait entre 200'000 et 250'000 habitants. (330'000 pour Lausanne-Morges). Donc une grande ville. Simplement, un jour, les statisticiens ont décidé de donner le nombre d’habitants exacts sur le territoire, et Lausanne a ainsi passé brutalement de 250'000 habitants à 125'000. De mémoire, je dirais que ce coup d’assommoir date du milieu des années 90. La bonne nouvelle est que Lausanne depuis n’a cessé de reconquérir de nouveaux habitants. La mauvaise est que les natifs purs (16% des Lausannois seulement !) ne savent toujours pas s’ils vivent dans une grande ville ou dans… une petite ville.

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois



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