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mercredi 31 juillet 2013

Chronique du Nouvelliste du mercredi 24 juillet 2013


Météo évolutive…
Denis Pittet, journaliste *

Autrefois, il y avait trois sortes de temps en été : le beau, le mauvais et l’entre-deux. Je vous parle des années 70- début des années 1980. Dans ces temps reculés, la météo n’était pas encore une science vraiment exacte. Il y avait le courant d’ouest (le vent, donc), celui du nord (la bise) et le foehn en Valais.
Un bulletin météo en été 1975 se résumait à peu près à cela : «L’anticyclone des Açores est stationnaire. Temps beau et chaud, risque d’orage en fin de journée ; températures 25 à 30 degrés. Evolution pour demain : même type de temps». En 2013, le bulletin donne ceci : «Temps assez à plutôt ensoleillé en matinée, voire changeant. Développements nuageux éventuellement possibles en cours de journée sur les reliefs environnants à gauche du Jura, suivis de quelques averses et orages l'après-midi, pouvant déborder sur la région de Vevey-nord d'ici la fin de journée ou en soirée. Orages localement forts à Payerne. Puis risque se limitant aux reliefs. Températures estivales». Ce qu’on a gagné en précision, on l’a aussi gagné en incertitudes… En gros, notre petit cerveau n’enregistre plus des infos simples (beau !) mais doit disséquer des détails qui le perturbent et font au final qu’on a plus jamais l’impression qu’il fait vraiment beau. Même quand il fait grand beau, il ne fait jamais plus grand soleil dans un bulletin météo. Il y a toujours un mini-risque de quelque chose…
Zut alors. Il reste une autre météo excellente à appliquer: la sienne, basée sur l’expérience et l’observation. Dans le canton de Vaud, la vision d’énormes cumulus blancs sur la Dent d’Oche vers 20h implique qu’il fera beau le lendemain. Vent du sud-ouest et bruits portés plus loin ? Il va pleuvoir. Légère brume sur le Léman et petits thermiques? Beau assuré. Nuages gris-noirs s’accumulant sur le Jura sans bouger le soir ? Pluie dans la nuit. La couleur du Léman est elle aussi porteuse d’informations, comme les vagues d’ailleurs. La nature nous parle sans cesse de la météo. Il suffit de regarder et de sentir.
* Délégué à la communication du département vaudois de l’Economie et du sport

mercredi 10 juillet 2013

Chronique du Nouvelliste du mercredi 10 juillet 2013


Deux sujets qui fâchent
Denis Pittet, journaliste *

Touche pas à mon lac: l’Office fédéral des transports va mettre en vigueur dès le 1er janvier 2014 - comme le veut désormais la loi – le 0,5 pour mille sur les lacs suisses, dont le bleu Léman n’est pas des moindres et ses navigateurs pas des rigolos. Le tollé, on s’en doute, est général. Et d’évoquer tout et son contraire pour condamner l’inanité de la mesure : la divine protection de Neptune, le remplissage des caisses de la Confédération avec de lourdes taxes sur l’essence censées aller… à la route (!), et, naturellement, la convivialité millénaire qui règne sur le plus grand lac d’Europe de l’ouest, convivialité naturellement due au joyeux partage de la dive bouteille entre gens unis par une même passion, celle de naviguer (ou de naviguer à l’arrêt dans les ports, ce qui assure à la fois un ravitaillement permanent et évite tout risque de collision). La police vaudoise semble dire qu’elle ne fera pas de vagues avec cette histoire tandis qu’un petit malin rappelle avec pertinence qu’il n’y a pas de giratoires sur le lac. Tout est dit.
Touche pas à mon paysage: les résultats d’une étude destinée à «classer» les paysages vaudois (dans le but du choix des sites d’implantation des éoliennes, mais là n’est pas la question) a débouché sur l’attribution de la plus mauvaise note au «Gros-de-Vaud». Là aussi, tollé général et abondance de réactions, notamment dans les «Courriers de lecteurs», qui, comme chacun le sait, constituent les meilleurs sondages qui existent au monde. Le Gros-de-Vaud, c’est le Gros-de-Vaud et personne n’y touche. Petits vallons, forêts, champs qui ondulent, villages blottis parfois les uns aux autres, jeux d’ombres et de lumières, grenier du canton, habité depuis des siècles par de nobles paysans qui respectent et chérissent leurs terres, le Gros-de-Vaud peut paraître moins prestigieux que Lavaux, il ne demeure pas moins un trésor. Et un trésor, cela ne se critique pas.
* Délégué à la communication du département de l’Economie et du sport vaudois