L’invité
Denis Pittet
Journaliste, délégué à
la communication et au sport international,
Département vaudois de
l’économie et du sport
Du sport
Et si nous parlions de sport.
J’adore les citations liées au sport. Celles de champions par exemple :
«Pour gagner, il faut risquer de perdre » (Killy). «Il faut se fixer des
buts avant de pouvoir les atteindre» (Michael Jordan). «On gagne plus avec le
coeur, avec la volonté qu'avec autre chose» (Nadal). Coluche était pas mal non
plus : «On peut toujours trouver plus cons que les supporters : y'a les
sportifs. Parce que les supporters, ils sont assis : les autres, ils courent !»
Ou encore le terrible Pierre Desproges : «Quel sport est plus laid, plus
balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance
l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de
vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron,
en ahanant des râles vulgaires de bœufs éteints». C’est dit.
Le sport habite nos vies, hante la
tête du supporter avant un derby, gâche la journée d’un golfeur pratiquant un art
pacifique qui se joue
hélas très violemment dans sa tête. Telle jeune femme court des heures durant
sur un tapis roulant de fitness pour espérer garder de jolies jambes. Elle
pense faire du sport, elle fait une séance de psy. Le sport est social, le
sport est médiatique, le sport est bon, le sport est dangereux, le sport est
nationaliste, le sport est local, le sport est de masse, le sport est argent,
parfois beaucoup trop.
Le sport unit, désunit, fait se
rencontrer des gens, les sépare. Le sport – quand on est jeune – est
dépassement de soi et quand on est vieux – à vélo par exemple – est de se faire
dépasser.
Des gens fument et boivent toute
leur vie et meurent à 90 ans. D’autres se pèsent au gramme près tous les
matins, pratiquent dix-huit sports et meurent d’une crise cardiaque à 45 ans.
Le sport est injuste. Je vais donc pour mon compte rejoindre Churchill :
«Whisky, cigare et sport…doux».