Traduire

mardi 26 avril 2011

Chronique du Nouvelliste du 20 avril 2011

Bouchon vaudois

Sur l’air de «Mission impossible» (2)

Denis Pittet, journaliste

Expliquer la politique vaudoise - nous en étions restés là il y a quinze jours - avec ces deux questions : avec quelle subtilité un socialiste vaudois peut être de droite et un radical peut tendre à gauche ?
Attaquons la première question. Dans les années 70, pour ne pas remonter trop loin, le socialisme vaudois se vivait de manière très intellectuelle. Je dirai même qu’il était presque de bon ton de développer des concepts de gauche, notamment dans certains milieux universitaires ou journalistiques. Le socialisme se vivait dans les discussions et un peu moins dans le terrain. Rappelez-vous les premiers débats télévisés où l’on ne voyait plus les protagonistes après vingt minutes d’émission, tant la fumée des gauloises bleues avait envahi le plateau. Sans parler du vin blanc dans les verres. A cette époque donc et jusqu’au tout début des années 80, de nombreuses personnes sont devenues «socialistes» par conviction intellectuelle, par effet de mode et au travers de leur appartenance sociale en réaction avec leur statut. L’autre élément était le lieu d’habitation. On savait les villages bourgeois qui entouraient Lausanne et si certains restaient des fiefs de droite sans faille (Lutry par exemple) d’autres, de par le développement de quartiers plus populaires (Epalinges) abritaient ou donnaient naissance à des mouvements ou des sections du parti socialiste vaudois. C’est ainsi que mes parents avaient un ami très cher qui habitait une splendide maison vaudoise, qui était avocat et colonel à l’armée. Et socialiste. A Epalinges, le socialiste n’était donc pas forcément le «même» qu’à Renens ou Chavannes. Ce socialiste là était donc «de droite», sans que cela fût péjoratif.
La réponse à la seconde question est le miroir de la réponse à la première. A la différence près qu’historiquement parlant et en remontant au XIXe siècle cette fois, on oublie parfois que les radicaux étaient la force de gauche et d’opposition en 1848. Dans le canton de Vaud, on trouve des radicaux de gauche dans les villes et pratiquement pas dans les villages.

mercredi 13 avril 2011

Le Nouvelliste, c'est reparti

La "chronique vaudoise" reparaît tous les 15 jours dans le "Nouvelliste" dès le 6 avril 2011. Sous un nouveau titre (nouvelle formule du NF oblige): "Bouchon vaudois"
Voici le texte:

Sur l’air de «Mission impossible» (1)
Denis Pittet, journaliste, délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

Mes trois fidèles lecteurs seront contents : revoilà la chronique vaudoise. Ce retour est placé sous le signe de «Mission impossible». Le Chef a dit : «Essaye d’expliquer la politique vaudoise aux Valaisans». Déjà que ma double-casquette de journaliste et de responsable de la communication dans un département qui chapeaute (la casquette qui chapeaute..) les communes (et qui plus est en pleines élections communales) ne me facilite guère la tâche, me voilà donc confronté à un exercice d’équilibrisme qui à lui seul devrait me valoir le Prix Jean Dumur. Explique la politique vaudoise qu’il a dit…. Préambule obligatoire: le Vaudois est un être affable, calme, consensuel, rarement colérique, un brin chamailleur, qui trouve toujours que son voisin a quelque chose de mieux que lui, respectueux du Très-Haut tout en sachant moins bien qu’un Valaisan ce que le Très-Haut représente. Aristote ayant décrété sur une plage voici un bon bout de temps que la politique devait conduire in fine au Bien de la Cité, les Vaudois, depuis le départ des Bernois en 1536 et surtout depuis 1803, traduisent cela par «Chacun pour soi et les vaches seront bien gardées». Ca a marché, cela ne marche plus, car nous, Vaudois, sommes de plus en plus nombreux. Dans cette première leçon sur la politique vaudoise, je me bornerai donc à définir les partis en fonction des qualifications évoquées plus haut. Or donc, le Radical est calme et consensuel. Les 3-4 PDC qui restent savent mieux que les autres qui est le Très-Haut. Les Libéraux sont un brin chamailleur de l’intellect. Les UDC sont chamailleurs tout court. Les Verts sont indéfinissables. Et les Socialistes (et POP, etc.) sont ceux qui lorgnent dans le jardin du voisin. Dans une prochaine chronique, nous verrons comment et avec quelle subtilité un socialiste vaudois peut-être de droite et un radical peut tendre à gauche. Nous essayerons aussi de voir comment et pourquoi les politiques vaudois stressent un max de devoir gérer à la suite élections communales, fédérales et cantonales, entre maintenant et mars 2012.