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mercredi 2 novembre 2011

Chronique du Nouvelliste du 2 novembre 2011

Hommage à Aimé Corbaz
Denis Pittet, journaliste *

C’est aujourd’hui en fin d’après-midi qu’aura lieu une cérémonie d’adieu au cimetière de Montoie en la mémoire d’Aimé Corbaz, mort vendredi à l’âge de 56 ans. Qui est Aimé Corbaz? C’était un journaliste attaché durant des lustres à la rubrique culturelle du Matin, non sans avoir commencé sa carrière à l’Illustré comme «Ringier boy» (c’est une expression propre aux journalistes romands qui qualifient ainsi «ceux» qui travaillent ou travaillaient pour Ringier contrairement à «ceux» d’Edipresse…) Aimé Corbaz a quitté le journalisme en 2007. Quitté, façon de parler. Il écrira donc deux bouquins car il faut savoir que le journalisme fait partie de ces professions qui ne vous laissent jamais. Lorsque, comme Aimé, on a appris à rechercher le bon sujet, à choisir quoi publier le lendemain dans sa rubrique, à se décider à interviewer plutôt celui-ci que celle-là, à argumenter dans un édito, on reste marqué consciemment et inconsciemment pour la fin de sa vie.
Aimé Corbaz était homosexuel. Il a aussi été très longtemps alcoolique. Deux qualités que d’aucuns ont sans doute considéré comme rédhibitoires. Moi pas. J’ai travaillé et côtoyé Aimé quotidiennement durant près de 20 ans et je l’aimais beaucoup. C’était un type intelligent, cultivé, parfois cynique, rarement méchant, d’une vivacité d’esprit remarquable et libre dans ses pensées et ses actes. Ce n’est pas pour rien que depuis vendredi, la nouvelle de sa disparition s’est répandue telle une traînée de poudre dans le monde des médias et que de très beaux hommages ont été publiés sur Facebook. Je note au passage qu’il est mort, mais toujours vivant sur Internet, au travers de son site brusquement orphelin. Aimé Corbaz redevenu Pascal Gringet (son vrai nom) après le «Matin» avait entrepris une formation de sophrologue et ouvert son propre cabinet qui s’appelle «Soif de vivre».
Aimé est mort du cancer, peut-être du sida, peut-être de l’alcool, peut-être un peu de tout cela à la fois. Cet écorché vif s’est battu et encore battu. La mort l’a vaincu. Mais peut-on vaincre un type comme lui? Tchô Aimé et sois heureux où tu es désormais.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

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