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mercredi 13 juin 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 13 juin 2012

Histoires de vélos
Denis Pittet, journaliste *

J’aime bien le vélo et les vélos. Jeune, j’en faisais pas mal. Je partais d’Epalinges et m’aventurais sur mes «boucles». Totalement maniaque comme tout cycliste qui se respecte, j’en connaissais la distance au mètre près (sans GPS à l’époque), le dénivelé des montées fameuses et où se trouvaient les fontaines marquée «eau potable». Je bouffais du sucre de raisin, portait une casquette car le casque n’était pas obligatoire et glissais entre grillons et champs de colza fin mai lorsque le jour baissait et quand il commençait à refaire frais. Car à cette époque, l’été existait encore. Devenu aujourd’hui plus vieux, plus bedonnant et plus grognon, j’aime toujours le vélo, mais dans ma tête et, évidemment, le vélo tel qu’on le pratiquait en 1973…

Aujourd’hui tout a changé. Oh, bien sûr, on croise toujours des vrais cyclistes dans les campagnes, mais on en croise d’autres dans les villes et c’est ici que les choses se gâtent sérieusement. La ville étant désormais engorgée, on a – vous le savez – fixé des règles très dures pour les usagers et créé plein de pistes pour les bus et pour les vélos. Plein de gens vont désormais à vélo en ville, par effet de mode, pour gagner du temps, par conviction écologique. Les vélos électriques fleurissent et j’adore voir monter de jolies pentes par des dames très dignes qui se tiennent très droites, avançant vite sans avoir l’air de fournir le moindre effort.

J’adore nettement moins les vélos qui foncent sur les trottoirs. Ceux qui roulent à contresens. Ceux qui déferlent dans les zones piétonnes. Ceux qui utilisent les passages piétons sur leur vélo: ont-ils la priorité? Ceux qui roulent à trois de front. Ceux qui zigzaguent dans les files. Ceux qui déferlent sur les pistes de bus et grillent les feux rouges. Tout ceux-là, il y en a beaucoup.

Alors, je me dis que c’est sans doute un effet de mode, une évolution du monde urbain et que les policiers zélés sont plus zélés à l’égard des voitures et des motos et moins zélés à l’égard des vélos. Et je repense (soupir) aux grillons et aux champs de colza.

* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois



















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