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mercredi 27 juin 2012

Chronique du Nouvelliste du mercredi 27 juin 2012

Hommage à Roland Schlaefli
Denis Pittet, journaliste *

Roland Schlaefli – décédé à l’âge de 84 ans le samedi 16 juin dernier – était un monument. Pour ceux qui l’ignorent, il était photographe de presse et l’aura été de 1949 – il  a alors  21 ans - jusqu’à sa mort. Car bien après sa «retraite» officielle en 2000, on le croisait toujours aux manifestations qu’il avait eu l’habitude de couvrir durant plus d’un demi-siècle.
Roland Schlaefli était pratiquement toujours habillé d’un costume gris un peu dépareillé, parfois assorti d’un gilet et toujours d’une cravate. Il avait autour du cou ses appareils, souvent un Leica et parfois deux Nikon. Ainsi paré, il savait et pouvait se glisser partout discrètement sans se faire remarquer, ce qui est déjà la marque des grands photographes de presse. Même sans accréditation, Schlaefli  passait. Il passait car il connaissait aussi tout le monde. Il parlait un peu de manière saccadée et avait toujours mille histoires à raconter. Le 27 avril 2011, le Tour de Romandie a passé par Chexbres et Schlaefli était là. Incroyable. Il était tout fier, accompagné de ses petits-enfants et son appareil autour du cou, au bon endroit pour faire encore une fois la bonne photo. Il était tout content et tout fier.
Roland Schlaefli  fonde en 1954 l’agence ASL (Actualités suisse Lausanne), qui devient un véritable label. ASL fournit toute la presse suisse en images de sport, de politique, parfois de la vie quotidienne. Schlaefli parcourt aussi le monde. Sa production est immense : plus de 6 millions de négatifs et près de 600'000 diapositives. Un trésor national. «C’est la vie. Photos de presse depuis 1940», après Zürich, sera présentée au Musée national du Château de Prangins du 16 novembre de cette année au 19 mai 2013. On y verra une partie des photos d’ASL. Il faudra y aller.
Un jour, Schlaefli, croisé au coin de l’avenue de la Gare à Lausanne, m’avait dit le souci qu’il se faisait pour ses archives. Depuis 2006, elles ont rejoint le Musée national suisse et sont donc à l’abri. Une première exposition en est déjà issue. Mais il faudrait passer des mois et des mois pour dénicher les trésors incroyables qui existent sur ces négatifs désormais d’un autre temps…
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois










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