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mercredi 27 juillet 2011

Chronique du Nouvelliste du 27 juillet 2011

Hommage à René C. Bernhard
Denis Pittet, journaliste *

Le 3 juillet dernier est décédé à 73 ans dans une relative indifférence René C. Bernhard. Ce nom ne dira peut-être pas grand-chose à beaucoup de monde, sauf peut-être aux vignerons. René avait dirigé l’Office des vins vaudois (OVV) de 1979 au 30 juin 1999. Vingt ans d’un règne sans partage, car l’homme avait ses idées et son caractère. Retiré de la scène où il avait brillé depuis 11 ans, son décès est donc passé relativement inaperçu, notamment dans la «presse» comme on dit. Et pourtant. René Bernhard avait inventé et mis sur pied les «mardis de la presse» où, périodiquement, il invitait toutes les rédactions vaudoises (et les autres si elles le souhaitaient) dans «sa» Maison de la Vigne et du Vin (une magnifique demeure au chemin de la Vuachère à Lausanne) pour y traiter les plus variés et multiples aspects du monde du vin, avec la présentation d’exposés de spécialistes, suivis de débats qui furent parfois homériques. Nous n’étions pas encore à l’époque du tout au politiquement correct et chacun exprimait ses convictions, qui n’étaient pas forcément celles de l’autre. A la fin, autour d’une bouteille de Calamin, on se réconciliait avant de partager une agape.
René Bernhard est aussi l’homme sous le règne duquel le fameux concours «Jean-Louis» du Comptoir suisse a connu ses plus grandes heures de gloire. La fréquentation était énorme. Le concours des millésimes rouges et blancs était un must et on y retrouvait tous les amateurs (et professionnels) éclairés du monde vitivinicole vaudois.
Parfaitement bilingue français-suisse allemand, René a également œuvré très largement du côté de Zürich pour y faire connaître et vendre les vins vaudois. Il animait les baptêmes de la vendange et n’hésitait jamais à prendre son bâton de pèlerin pour aller prêcher ses idées et enseigner un marketing que tous les vignerons vaudois «traditionnalistes» de l’époque ne comprenaient pas forcément. Sans être un visionnaire total, René était un homme de son temps et un battant rare. Enfin, et cela s’est peut-être moins su, il avait le cœur sur la main et était fidèle en amitié.
* Délégué à la communication du département de l’Intérieur vaudois

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